Sortir de son quartier: la part de rêve! (2ème partie)

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By adubuquoy@image7.fr mai 8, 2025

La mobilité sous toutes ses formes

“Sortir de son quartier” permet donc “d’explorer des espaces publics inconnus situés en dehors du quartier et d’y être confrontés à des citadin·es, à des comportements, à des architectures et à des équipements urbains dont ils·elles ne sont pas nécessairement familier·es.” Comme le souligne Pascal Mény “la mobilité permet la rencontre à deux niveaux : la rencontre avec soi-même et la rencontre avec l’autre.”

Quand Eric Le Breton qualifie la mobilité de « droit des droits », il évoque non seulement un droit civil, mais aussi social et politique. L’équation est simple: «pour pouvoir exercer un droit à la formation, à l’emploi, au logement, à la santé, la culture, la citoyenneté, encore faut-il pouvoir se déplacer ». Les difficultés de lecture dans le face à face avec les machines du transport, le déchiffrage problématique des plans de ville et de réseaux de transports, l’interdit “culturel” lié pour certains jeunes hommes à l’usage du vélo ou du scooter, les difficultés des jeunes filles qui doivent batailler plus que les garçons pour obtenir le droit de quitter le quartier, d’aller seules « en ville » sont autant de preuves d’une mobilité entravée.

Mais nous devons élargir encore le spectre en reprenant les objectifs du projet éducatif de l’Académie de Créteil: “Favoriser la mobilité implique également d’apprendre aux élèves à aller vers l’autre, à vivre ensemble dans le respect des valeurs de la République. C’est aussi les accompagner vers une responsabilité citoyenne.”

Nous pouvons faire ainsi de la mobilité des jeunes le pilier central d’une expérience qui parcourt toutes leurs sphères de socialisation : la famille, l’école et le quartier.

En interrogeant alors les conditions de mobilité des jeunes des quartiers populaires, on en vient à élaborer des réflexions sur l’avenir de ces quartiers et des jeunes qui les habitent.

Ouvrir des espaces publics de débat dans les collèges

Tout au long de cette série d’articles, nous avons insisté sur la participation des jeunes des quartiers populaires dans la recherche de solutions aux problèmes de toutes sortes qu’ils rencontrent.

Ouvrons de nouveaux espaces publics de débat dans les collèges, entendons les paroles et les demandes portées par les jeunes des QPV pour construire les conditions d’une mobilité inclusive sous toutes ses formes et contribuer de manière innovante à leur réussite scolaire.

Pourtant l’éducation exclut largement les jeunes du processus de prise de décision malgré la connaissance qu’ils ont de leurs propres besoins. Le fait de se sentir reconnu comme interlocuteur légitime dans les dispositifs de participation à l’école participerait pourtant de l’inclusion des jeunes et de leur processus d’apprentissage. Comment renforcer ces dispositifs de participation (étudiés dans un précédent article)?

La mise en place de projets éducatifs de territoire, selon le rapport Bacqué-Mechmache, redonnerait un rôle central aux parents et aux élèves dans les établissements scolaires, permettrait la mobilisation et la collaboration des enseignants et du monde associatif, ouvrirait les collèges sur les quartiers en faisant ainsi de la réussite scolaire un enjeu social et démocratique fondamental. C’est aussi l’ambition des “cités éducatives”.

Ces projets éducatifs de territoire doivent selon nous :

  • Permettre aux jeunes d’agir directement sur l’environnement dans lequel ils vivent.
  • Reconnaître leur capacité à mener une stratégie de changement dans leur communauté et leur société.
  • Reposer sur des stratégies d’innovation pédagogique.

(à suivre)

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