Sortir de son quartier: la part de rêve! (1ère partie)

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By adubuquoy@image7.fr mai 7, 2025

Se déplacer, se rencontrer, partager…

Autant de mots clés qui invitent les jeunes à prendre la parole et proposer des actions qui interrogent leurs conditions de vie dans les quartiers populaires.

La mobilité des jeunes sous toutes ses formes peut être un formidable outil de cohésion sociale pour les quartiers de la politique de la ville et contribuer à accroître durablement leur réussite scolaire.

“Le droit des droits”

Comme l’écrit Eric Le Breton, “les quartiers de la politique de la ville occupent souvent une position difficile dans des agglomérations fragmentées. (…) Ils restent encore faiblement ou mal « raccrochés » à la ville et sont encore monofonctionnels ; pour se former et travailler, il faut en sortir.” Selon lui la mobilité est un élément central de la vie quotidienne qui structure les rapports au quartier et à la ville.  Elle est devenue “le droit des droits” et par défaut “l’élément qui «verrouille » les difficultés dans des états de non-retour potentiel.”

Mais de quelle mobilité parle-t-on?

Laurent Mucchielli étudie ainsi les conditions de l’isolement des quartiers populaires d’abord sous le prisme des transports et de la sécurité. L’enclavement subi par les habitants des quartiers populaires renvoie pourtant plus, selon Thibault Isambourg, à un système de contraintes qu’à une simple question de distance.

Marco Oberti, qui étude les causes des émeutes dans les quartiers populaires en 2023, associe une ségrégation scolaire très importante à l’isolement géographique des familles précaires. Le géographe Mathis Stock propose d’aborder la mobilité tant par les déplacements que par le rapport des individus aux différents lieux qui rythment leur vie.

Si la mobilité des jeunes des quartiers prioritaires est souvent perçue par les professionnel·les comme étant “insuffisante, elle est d’abord entravée par des logiques d’enfermement et marquée par le manque de volonté de « sortir de la cité ».

Sortir de son quartier

Pour Nicolas Oppenchaim, “les pratiques de mobilité des adolescent·es sont très fortement structurées par leur classe sociale, leur quartier de résidence et leur genre. Les pratiques des adolescent·es dépendent fortement de l’incorporation d’habitudes, de représentations du monde dans différentes sphères sociales, en particulier la famille, l’école ou le quartier de résidence” car la peur de se déplacer en dehors du quartier n’a pas toujours la même origine selon les adolescent·es.

«Sortir de son quartier» ne doit pourtant pas être considérée a priori comme quelque chose de nécessairement positif. Pourquoi devrait-on favoriser la mobilité des jeunes des quartiers populaires? Pourquoi s’intéresser à leurs déplacements?

La mobilité hors du quartier selon Nicolas Oppenchaim permet des contacts avec des catégories porteuses d’autres normes sociales que celles en vigueur dans leur quartier et conduirait à des pratiques et des représentations spécifiques qui facilite leur future insertion sociale. La mobilité serait alors le support du passage progressif du monde familier au domaine public urbain.

(à suivre)

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