IA dans l’éducation : perdons-nous foi en nous-mêmes ?

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By adubuquoy@image7.fr mai 7, 2025

Vous connaissez (et admirez, tout comme moi) Hayao Miyazaki, le réalisateur de grands films d’animation tels que Mon Voisin Totoro.

Regardez ce court-métrage.

On présente à Miyazaki un modèle d’intelligence artificielle ayant appris certains mouvements humains. Il pose alors une question très simple (et souvent oubliée) : Quel est votre objectif ?
Réponse : Nous aimerions créer une machine capable de dessiner comme les humains.
La réaction de l’artiste est sans détour : Nous, les humains, sommes en train de perdre foi en nous-mêmes…

Imaginez maintenant que le meilleur enseignant de tous les temps se voit présenter un modèle éducatif piloté par l’IA : Nous aimerions créer une machine qui enseigne comme un humain…

Dirait-il alors : Nous, enseignants humains, sommes en train de perdre foi en nous-mêmes ?

Qu’est-ce que cela signifie être un enseignant humain à l’ère de l’intelligence artificielle ? La présence massive de l’IA dans l’éducation serait-elle une négation de notre capacité à transmettre savoirs, émotions, valeurs et à inspirer d’autres vies humaines ? Peut-on intégrer l’IA dans l’éducation d’une manière qui élève la mission des éducateurs et permette à chaque apprenant de grandir et de s’épanouir ?

La seule chose dont nous soyons certains concernant la réussite éducative — en dehors du contexte familial —, c’est que la qualité de l’enseignement est primordiale. Le problème du manque d’enseignants qualifiés pourrait sans doute être mieux résolu par un développement professionnel approfondi que par la promotion d’alternatives IA visant à « donner aux enseignants le contrôle total de leurs classes ».

L’IA pousse-t-elle l’Éducation à repenser l’intelligence humaine ?

Dans leur état des lieux de l’IA dans l’éducation, Holmes et Tuomi apportent deux éléments de réponse :

La consommation d’énergie est désormais largement reconnue comme un défi majeur pour les IA basées sur les données. Le cerveau humain, lui, fonctionne avec environ 20 watts, ce qui suggère que l’IA basée sur les données repose sur des principes fondamentalement différents de ceux de l’intelligence humaine.

Un réseau neuronal moderne n’« apprend » ni ne « raisonne » sur le monde plus qu’une régression linéaire du passé. Ce ne sont encore que des incarnations mathématiques, non des entités intelligentes, aussi spectaculaires que puissent être leurs résultats.

Cependant, des chercheurs du projet Lyceum de l’Institut pour l’éthique de l’IA à l’Université d’Oxford postulent qu’une vision positive de l’IA peut émerger de l’approche aristotélicienne de l’éthique. Ils affirment que les systèmes d’IA devraient être compris, développés et utilisés comme des « instruments intelligents » destinés à renforcer notre capacité à nous épanouir en tant qu’individus et en tant que communautés.

Le débat est lancé.

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